L'évolution des arrêts maladie en France : une tendance croissante

La Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) a rendu disponibles les données économiques et sociales permettant d'analyser l’évolution des arrêts maladie depuis 2010 selon divers critères. Voici les principales conclusions de cette étude, partagées par AÉSIO Mutuelle.

Une hausse des arrêts maladie marquée depuis la crise sanitaire

Le rapport de la Cnam sur les arrêts maladie met l’accent sur une augmentation significative des arrêts maladie entre 2020 et 2022, en raison de l'impact de la crise sanitaire. Les arrêts maladie ont augmenté de 7,9 % en un an, et de 30 % en 10 ans, passant de 6,4 millions arrêts prescrits en 2012 à 8,8 millions désormais.

En 2023, les arrêts maladie* représentent une part majoritaire croissante des dépenses de l’Assurance maladie. Les dépenses d'indemnisation pour les salariés du secteur privé et les contractuels de la fonction publique atteignent 10,2 milliards d'euros, tandis que les arrêts pour accidents du travail et maladies professionnelles continuent d'augmenter, représentant 4,1 milliards d'euros. 
Les dépenses pour congés maternité et d'adoption se stabilisent à 2,7 milliards d'euros dans un contexte de baisse de la natalité.

La tendance à la hausse des arrêts maladie, qui s'est intensifiée entre 2019 et 2023 est attribuée à une augmentation de l’absentéisme dans les entreprises, en plus des facteurs liés à l'emploi et au vieillissement de la population active. 

* L’arrêt de travail est un terme générique qui englobe les situations dans lesquelles un salarié cesse temporairement son activité professionnelle pour des raisons de santé, qu’elles soient liées ou non à son activité professionnelle. Il inclut :

  • Les arrêts maladie, qui sont prescrits lorsqu’un salarié ne peut pas exercer son activité, à cause d’un problème de santé non lié à son travail (maladies courantes, blessures non professionnelles, troubles mentaux, etc.).
  • Les accidents de travail, qui concernent les blessures ou maladies survenues directement sur le lieu de travail, ou dans le cadre de l’exercice des fonctions professionnelles.
  • Les maladies professionnelles, reconnues étant des pathologies directement causées par l’activité professionnelle (exposition à des substances nocives, gestes répétitifs, etc.).
  • Les congés maternité/paternité/adoption : bien qu’ils ne soient pas toujours qualifiés d’arrêt de travail classique, ces types de congés impliquent une suspension temporaire de l’activité, pour accompagner la naissance ou l’adoption d’un enfant.

Les indemnités journalières (IJ) compensent partiellement la perte de revenu en cas d’incapacité physique à travailler, mais leur montant diverge selon le type d’arrêt de travail. Des compléments à ces indemnités de base peuvent être ajoutés selon les besoins et la perte de revenu.

En savoir plus

Le recours aux arrêts maladie stabilisé à un niveau élevé 

Les épidémies, comme la grippe ou la gastro-entérite, ont un impact sur l'évolution des arrêts maladie, avec des arrêts recommandés de trois à cinq jours. 

Entre 2010 et 2014, le nombre d'arrêts a montré des variations importantes, tandis que de 2015 à 2019, cette croissance n'a pas été affectée par les épidémies. 

À partir de 2020, l'impact du Covid-19 a dominé, avec des pics d'arrêts maladie en 2020 et 2022, en raison des vagues épidémiques et des arrêts liés à la crise sanitaire.

En 2023, les dépenses d'IJ sont influencées par la conjoncture économique et les réformes de l'indemnisation. Les dépenses totales d'IJ diminuent, en revanche, le nombre de journées d'arrêts maladie se stabilise à un niveau élevé. 

cteurs liés à l'emploi et au vieillissement de la population active. 

En quelques chiffres, les arrêts maladies c'est :

  • 60% des dépenses totales versées par l’Assurance maladie
  • Les dépenses d'indemnités journalières (IJ) versées par l'Assurance maladie aux salariés dans l’incapacité de travailler s'élevaient à 10,2 milliards d'euros en 2023, contre 6 milliards en 2010. 
  • Selon l’étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), les arrêts maladie représentent 85 % des arrêts indemnisés, et 60 % des montants versés par l’Assurance maladie.
  • En moyenne, chaque bénéficiaire a 1,4 arrêt par an. Cela concerne plus du quart des salariés, témoignant de la fréquence des arrêts maladie dans la vie professionnelle.

 

Des causes multiples

L'augmentation des arrêts maladie peut être attribuée à plusieurs facteurs :

Les facteurs économiques et démographiques

Les facteurs économiques et démographiques expliquent environ 60 % de la hausse des dépenses d’indemnités journalières (IJ) entre 2010 et 2023, avec une croissance structurelle liée à l'augmentation de la population active et à son vieillissement.

La hausse des IJ est en partie due à une prolongation de la durée moyenne des arrêts et un pourcentage accru de personnes indemnisées. Les chiffres ont augmenté de 3,9 % par an entre 2019 et 2023, contre 2,3 % par an entre 2010 et 2019. 

Les causes possibles incluent notamment une dégradation des conditions de travail et une exposition accrue à des pénibilités physiques et psychosociales.

L’impact selon le sexe 

Entre 2010 et 2023, les arrêts maladie ont augmenté chez les femmes, plus que chez les hommes, et cette hausse ne peut être expliquée uniquement par leur participation croissante au marché du travail. 

Plusieurs facteurs, tels que les différences d'état de santé, les conditions de travail et la double charge professionnelle et familiale pourraient expliquer cette tendance. Les maternités, par exemple, expliqueraient près de 40 % des écarts de recours aux arrêts maladie entre les femmes et les hommes âgés de 21 à 45 ans.

L’impact selon les secteurs d’activité 

Des différences significatives existent entre les secteurs d'activité. 

Les arrêts maladie sont plus fréquents dans des secteurs comme l'industrie et le BTP (qui présentent un environnement dangereux et un travail physique exigeant), les métiers de transport et logistique (caractérisés par des efforts physiques intenses et des risques d'accidents), la santé (où les conditions de travail sont épuisantes et l'exposition aux risques sanitaires est élevée). 

Vous souhaitez en savoir plus sur la prévention au travail ? AÉSIO mutuelle vous accompagne 


Ces disparités sectorielles affichent des arrêts maladie plus longs que la moyenne, entraînant des conséquences financières plus significatives. Elles peuvent être attribuées à la structure démographique des employés, notamment l'âge et l'état de santé. 

Le rapport de la Drees et de la Caisse nationale de l’assurance maladie indique également que les travailleurs indépendants, ou en contrats courts prennent moins d’arrêts, par crainte de la perte de leur activité professionnelle.
 

Durée des arrêts maladie et coût

Les arrêts maladie se divisent en trois grandes catégories :

  • Courts (moins de 7 jours), généralement associés à des pathologies aiguës telles que la grippe ou les blessures.
  • Moyens (de 7 à 30 jours), en augmentation, liés à des affections plus graves ou à des situations de stress (lombalgies, anxiété, troubles psychologiques, etc.).
  • Longs (plus de 30 jours), qui représentent 15% des cas et sont principalement liés à des maladies chroniques et/ou psychologiques (syndromes dépressifs, troubles musculosquelettiques (TMS), cancers, etc.).

Arrêt maladie : Indemnisation réduite

  • Date d'application : À partir du 1er avril 2025
  • Changement : Baisse du plafond de revenu d’activité pour le calcul des indemnités journalières dues au titre de l’Assurance maladie
  • Nouveau plafond :

          Avant : 1,8 fois le Smic (3243,24 €)

          Au 1/04/2025 : 1,4 fois le Smic (2522,52 €)

  • Source : Décret n° 2025-160 du 20 février 2025

Pour en savoir plus

L'Impact du vieillissement et de la durée sur les dépenses des arrêts maladie :

  • Les arrêts maladie de plus de six mois représentent 45% des dépenses
  • L’augmentation du nombre de salariés et le vieillissement de la population active sont des facteurs importants qui contribuent à la hausse des arrêts.
  • Les arrêts de plus de six mois, bien que représentant seulement 7 % des arrêts indemnisés, constituent près de 45 % des dépenses totales.
  • Les arrêts courts, inférieurs à huit jours, sont fréquents mais ne représentent que 4 % des dépenses. 
  • La durée des arrêts augmente avec l'âge, les personnes de 50 ans et plus représentant 29% des arrêts et 42 % des dépenses. En revanche, les moins de 35 ans totalisent un tiers des arrêts, et ne génèrent que 22 % des dépenses.
  • Les arrêts maladie tendent à être plus longs chez les personnes de plus de 50 ans en raison de leur état de santé, qui nécessite des soins plus complexes, ainsi qu’une récupération plus lente. 

Par ailleurs, les réformes successives qui ont repoussé l’âge légal de départ à la retraite ont contraint les travailleurs à rester actifs plus longtemps, ce qui accroît leur exposition aux risques de santé.

Quelles recommandations ?

Le rapport de la Cnam et de la Drees marque l’importance de la prévention pour réduire les arrêts maladie. Il met l’accent sur : 

  • L’amélioration des conditions de travail.
  • La promotion de la santé mentale et la réduction des risques psychosociaux. 
  • La digitalisation des démarches administratives.
  • La coordination entre les médecins, les entreprises et l’Assurance maladie pour faciliter le retour au travail.

Cette étude, publiée le 13 décembre 2024, souligne les enjeux économiques et sociaux liés aux arrêts maladie, et appelle à une action collective pour améliorer la santé au travail et réduire les coûts associés.

Pour en savoir plus, téléchargez le document ici.

Retrouvez nos actualités en cliquant ici.

Partager la page

D’autres articles dans le même thème